L'étendue des droits de W.J. Sidis


Traduction de N. Lygeros

Bien qu'il soit impossible de donner un court compte-rendu de l'étendue exacte des droits individuels, nous pouvons donner une petite idée des principes généraux.

Les droits fondamentaux de "vie, liberté et recherche du bonheur" sont nécessairement vagues s'ils ne reposent que sur cette simple assertion. L'égalité n'est pas tant un droit fondamental en elle-même, qu'un principe à partir duquel ces droits doivent être interprétés. Nous devons définitivement rejeter toute notion que l'égalité peut véhiculer, tout sens qui justifierait un nivellement forcé par une autorité supérieure à tous. Ceci est la plus flagrante des violations de l'égalité. Elle signifie plutôt, dans le sens où le sujet de la déclaration sont les droits humains et non récompenses, position sociale ou tout autre chose, que l'on ne peut accorder dans une communauté des droits à une personne, quelqu'en soit l'interprétation, qui ne puissent être automatiquement accordés à toute autre personne au même moment. Ainsi tous les droits doivent s'arrêter là où ils interfèreraient avec les droits d'un autre.

De même "la recherche du bonheur" ne doit pas être considérée comme l'autorisation de chacun de faire ce qui lui plaît ou de demander des autres ce qui lui fait plaisir. Le même principe d'égalité stipule qu'elle doit cesser là où elle interfère avec les droits des autres. "La recherche du bonheur" signifie une limitation très stricte à tout droit d'une autorité quelconque, et absout toute personne d'obéir à tout dictat d'une autorité qui violerait ces limitations.

Le principe d'égalité ne fait aucune assertion en ce qui concerne les capacités humaines, et argue que l'important de ce point n'est qu'un simple changement de base. Il signifie égalité des droits, égalité des opportunités, et peut s'expimer par "accorde aux autres les mêmes droits que ceux qu'ils devraient t'accorder". La tutelle personnelle, les ordres des patrons, etc. assez répandus sous l'actuel système social, constituent réellement une violation définitive du principe d'égalité. De même, certains droits déclarés sur la base d'une classe par des groupes (tel que le prétendu droit de l'entreprise privée d'une part et les prétendus droits de syndicats ou droit de grève d'autre part) sont, via ce principe, inadmissibles en tant que droits si nous tenons compte des conceptions avancées par la Déclaration d'indépendance.

La libre expression de l'opinion, alors qu'elle n'est pas spécifiquement mentionnée dans la Déclaration d'indépendance, est une part essentielle de la "recherche du bonheur''. Elle acquiert encore plus d'importance avec le principe du consentement du gouverné, alors que les opinions censurées ne constituent pas un réel consentement, et par conséquent sapent la base de toute sorte d'autorité. La prétendue "liberté de presse" devrait être seulement interpretée comme une partie de ce droit dérivé particulier, et non comme un privilège spécial sur une partie d'une industrie particulière qui peut interférer avec les droits individuels. De manière similaire "la liberté de religion" doit être considérée comme une partie de la libre expression d'opinion et non comme un privilège spécial des églises.

Le droit d'effectuer un travail utile pour la communauté est la vie elle-même pour la plupart des hommes d'une communauté, et il devrait en être de même pour tous dans une communauté où l'égalité est réellement respectée, toute personne ou groupe qui clame son autorité pour refuser ce droit aux autres est moralement non différent d'un assassin délibéré. De ce principe découle le type d'une nouvelle société préconisée.

"Le droit de révolution" est aussi un droit important dans le programme de la Déclaration d'indépendance qui est effectivement fondamental dans ce document. Il est dérivé de la base sur laquelle le droit d'exister des gouvernements repose sur le consentement du gouverné. Quand les droits de quelqu'un sont violés par un système de gouvernement, ou quand le consentement du gouverné cesse d'exister ou ne peut être librement discuté, le gouvernement perd ses droits d'existence, et toute la question de l'autorité revient au peuple, d'abolir l'autorité existante par tous les moyens accessibles et de mettre en place une nouvelle forme d'organisation qui garantirait les droits de chacun et aurait le consentement du gouverné. Ce sont les droits de tout individu, et pas seulement de la majorité, qui doivent être garantis ; le principe strict de "la loi de la majorité" est rejeté avec force. Le principe est plutôt ce que John Boyle O' Reilly a exprimé comme : "La santé d'une nation est en péril si un homme est opprimé."